L’essentiel sur... Drogues et environnement

Si l’impact des drogues sur l’environnement demeure relativement méconnu, les études existantes pointent des effets désastreux et souvent irrémédiables.

Depuis quelques années, la France s’est engagée sur ce thème qui figure dans la Stratégie interministérielle de mobilisation contre les conduites addictives 2023-2027. En particulier, les enjeux environnementaux liés à la production, à l’acheminement et à la distribution des drogues, licites et illicites, méritent d’être soulignés dans les messages de prévention.

Ainsi, en 2021, la MILDECA a impulsé un travail de recherche avec l’ONUDC sur ces phénomènes. Grâce au financement de la France, l’ONUDC a publié en 2022 un livret sur l’impact environnemental des drogues dans le monde. Depuis, deux autres chapitres explorant les atteintes à l’environnement liées aux drogues dans différentes régions du monde ont été publiés

En juin 2025, un dernier chapitre devrait sortir sur l’impact environnemental des drogues en Europe.

En outre, la France a porté ce sujet dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, en 2022. La thématique figure par ailleurs clairement dans la Stratégie et le Plan d’action en matière de drogues (2021-2025) de l’Union européenne.

Enfin, la Commission des stupéfiants des Nations-Unies à Vienne s’empare de façon croissante de cet enjeu.

Le rapport ONUDC paru en 2023 sur l’Amazonie souligne que le trafic illicite de stupéfiants exacerbe et amplifie un ensemble d’autres économies criminelles dans le bassin amazonien, notamment l’occupation illégale des terres, l’exploitation forestière et minière illégale, le trafic d’espèces sauvages et d’autres crimes qui affectent l’environnement. 
Le chapitre paru dans le Rapport mondial sur les drogues en 2024 se concentre sur le Triangle d’Or, en Asie du Sud-Est, où les trafiquants de drogues s’adonnent à l’extraction illégale de ressources naturelles et déversent dans les cours d’eau les déchets liés à la fabrication de métamphétamines.

Chiffres clés - Stupéfiants 

Le cannabis 

  • 1 kg de fleurs de cannabis séchées produites en intérieur génère entre 2 300 et 5 200 kg de CO2.
  • Aux Pays-Bas, la culture en intérieur nécessiterait 1 milliard de kWh d’électricité par an soit autant que la consommation des ménages de la ville de Rotterdam (650 000 habitants).
  • La monoculture illégale et intensive de variétés de cannabis à haut rendement, augmente la pression exercée sur des écosystèmes déjà fragiles, nécessite une utilisation importante de pesticides et d’engrais, et contribue aux pénuries d’eau et à des pertes de biodiversité.
  • L’irrigation des cultures de cannabis dans les régions sèches et ensoleillées, comme la Californie, utilise les eaux souterraines. Un plant de cannabis cultivé en extérieur nécessite jusqu’à 22,7 litres d’eau par jour.

Les drogues de synthèse - Amphétamines, MDMA, métamphétamines 

  • Elles sont fabriquées dans des laboratoires clandestins, donnant lieu au déversement ou au rejet d’effluents toxiques dans les forêts et les rivières ou directement dans les réseaux d’eaux usées.
  • La production d’un kilogramme de ces trois drogues de synthèse rejette entre 5 et 30 kg de déchets toxiques et aurait ainsi généré entre 2 454 et 4 310 tonnes de déchets dans le monde entre 2016 à 2020.
  • En Asie du Sud-Est, dans la région du Triangle d’Or, la production de méthamphétamines génèrerait 1 900 à 3 800 tonnes de déchets toxiques par an.
  • Les résidus des drogues consommées sont éliminés par le corps humain et rejetés dans les réseaux d’égouts ou les cours d’eau. Après un festival de musique, le taux de pollution des rivières environnantes dû aux résidus de MDMA pourrait être 56 à 104 fois plus important en aval qu’en amont du festival, ce qui a des effets néfastes sur les organismes vivants des milieux aquatiques.  

La cocaïne et l'héroïne 

  • La culture illégale de la coca serait la cause directe ou indirecte d’environ 50% de la déforestation dans deux régions de Colombie.
  • La production d’1 gramme de cocaïne reviendrait à détruire 4m² de forêt.
  • La production d’héroïne et de cocaïne nécessite l’utilisation de substances chimiques comme l’acide sulfurique, l’essence ou le kérosène… rejetées ensuite sans précaution dans les écosystèmes
  • Les ballots de produit jetés par-dessus bord par les trafiquants au large des côtes participent à la destruction de la faune et la flore marines.

Chiffres clés - Tabac

Infographie essentiel sur l'environnement : chiffres clés tabac

Le protoxyde d'azote

  • C’est un très puissant gaz à effet de serre qui participe au réchauffement climatique en restant jusqu’à 120 ans dans l’atmosphère.
  • Les cartouches retrouvées en quantité en ville ou dans la nature sont des déchets particulièrement difficiles à traiter dans les usines d’incinération. Soumis aux hautes températures dans les fours, les résidus de gaz conduisent à des explosions des bonbonnes qui entraînent elles-mêmes l’explosion des portes des fours. Les collectivités sont confrontées à un nombre d’incidents croissants, qui mettent les fours à l’arrêt et génèrent des réparations couteuses.

Et ailleurs sur la planète...

Encourager et soutenir des programmes de développement alternatif dans les pays producteurs contribue également à une meilleure gestion des ressources naturelles. C’est pourquoi la MILDECA, en partenariat avec l’ONUDC et le producteur français de café équitable Malongo, soutient des projets de développement alternatif en Bolivie et au Pérou visant :

  • à diminuer les surfaces destinées à la culture de la feuille de coca au profit d’une culture durable de café de qualité,
  • à garantir aux producteurs un revenu stable et un accès aux marchés européens, permettant ainsi une politique de long terme globale, équilibrée et durable.

Ce type de projet permet aussi de reboiser les zones concernées et d’éviter le déversement des produits toxiques utilisés pour produire la cocaïne dans la nature. Un cercle vertueux pour la planète.

En 2024, la France a approfondi son engagement dans ce domaine en soutenant un projet de développement alternatif de l’ONUDC dans la région de Pasco au Pérou. Ce projet a la particularité d’accompagner des femmes productrices de café et de disposer d’un volet spécifique dédié à la protection de l’environnement.

 Idées reçues 

« Je ne jette pas mes mégots par terre donc je ne pollue pas »

Au-delà des 75 000 décès par an liés à la consommation de tabac, la fabrication et l’usage des produits du tabac sont dangereux pour les écosystèmes. Outre les mégots, les déchets liés à une cigarette provoquent également un rejet de CO2 qui équivaut à 520 000 vols aller-retours Paris/New-York. Ou encore la production annuelle de tabac détruit 200 000 hectares de terre, soit l’équivalent de 280 000 terrains de football.
Beaucoup ne le savent pas encore mais les filtres des cigarettes ne sont pas biodégradables et contiennent des micro-plastiques qui sont le deuxième type de pollution par ce matériau au monde.

« Une pilule de MDMA, c’est bien trop petit pour avoir un impact sur l’environnement...»

Ces pilules sont effectivement petites par la taille mais elles ont de gros impacts sur la planète : la production d’1 kg de MDMA rejette 6 à 10 kg de déchets toxiques. Pour d’autres drogues de synthèse comme la méthamphétamine, la production d’1 kg, c’est le rejet de 5 à 10 kg de déchets toxiques. Pire, la fabrication d’1 kg d’amphétamine produit 20 à 30 kilos de déchets toxiques ! A l’échelle de la planète cela représente plusieurs milliers de tonnes !

« Le cannabis est une drogue bio et écolo »

Le cannabis est responsable de l’épuisement et de la pollution des ressources, qu’il soit cultivé en intérieur ou en extérieur. A titre d’exemple, aux Pays-Bas, la culture en intérieur nécessiterait 1 milliard de kWh d’électricité par an soit autant que la consommation des ménages de la ville de Rotterdam qui compte 650 000 habitants.