Podcast - Compétences psychosociales, un outil pour aider les jeunes à être bien dans leur vie

Publié le 13/02/2023

S’intéresser aux conduites addictives des jeunes, c’est tout autant questionner la consommation de produits licites comme le tabac et l’alcool que de produits illicites comme le cannabis. C’est aussi s’intéresser aux comportements sans produits comme l’usage problématique des écrans, les jeux vidéo et les jeux d’argent et de hasard dont font partie les paris sportifs.

Valérie Lemaire, chargée de mission prévention jeunesse à la MILDECA nous explique ce que sont les compétences psychosociales.

Valérie Lemaire, chargée de mission prévention jeunesse

L’enfance et l’adolescence constituent des étapes clé du développement. Les recherches en neurosciences montrent que les jeunes sont particulièrement vulnérables aux substances psychoactives : d’une part car le fonctionnement cérébral des adolescents se caractérise par une recherche d’émotions, de sensations et de reconnaissance au sein du groupe de pairs, qui prend souvent le pas, à cet âge, sur les comportements plus rationnels. D’autre part, le cerveau, en maturation jusqu’à 25 ans, se trouve altérer durablement dans son fonctionnement par des toxiques tels que l’alcool et le cannabis. C’est aussi au cours de l’adolescence que les jeunes sont incités à consommer, dans le cercle familial, comme sous la pression des pairs ou de l’environnement commercial.

Une intervention forte des pouvoirs publics a donc toute sa légitimé pour protéger la jeunesse, retarder l’âge de l’entrée dans les 1ères consommations et faire en sorte qu’il y ait le plus faible % d’entre eux qui consomment régulièrement ces produits.

Pour rappel, en population générale, le tabac et l’alcool restent les deux premières causes, de mortalité prématurée évitable en France (responsables respectivement de 75.000 et 41.000 décès par an).

Même s’ils ne sont pas tous consommateurs, on observe une baisse des consommations chez les jeunes.

  • En 2014, 80% des élèves de 3ème avait déjà expérimenté l’alcool, ils sont 64% en 2021.
  • De même en 2014, 50% de ces jeunes avaient déjà fumé du tabac. Ils ne sont plus que 30% aujourd’hui.

C’est pourquoi il est important de continuer à les accompagner

Nous disposons d’outils qui fonctionnement pour éviter que des cohortes d’adolescent adoptent, des comportements susceptibles de se transformer en des usages réguliers puis en addictions. Les actions de renforcement des compétences psycho-sociales (CPS) sont parmi celles qui ont les niveaux de preuve les plus élevés en matière d’efficacité pour prévenir les consommations à risque de substances psychoactives et, plus largement, l’ensemble des conduites à risque.

Dans la pratique, le développement des CPS s’appuie sur la mise en place de programmes dont la durée est de plusieurs séances, généralement hebdomadaires, d’une ou deux heures, et proposés pendant plusieurs semaines (une dizaine au minimum). Le contenu se fait principalement par la mise en place d’ateliers et de mise en situation. Il ne s’agit pas de se contenter « d’en parler », mais aussi « d’expérimenter », d’éprouver les situations pour ancrer les CPS dans le quotidien. Ces programmes ne peuvent être opérants que si une attention est apportée à la cohérence de l’environnement dans lequel ils s’inscrivent. Ils doivent donc aller de pair avec une attitude pédagogique globale positive des adultes qui favorise l’estime de soi chez les enfants et les jeunes.

Les résultats montrent que, par exemple, le programme de prévention Unplugged a un effet protecteur sur les trois comportements de consommation (consommation de cigarettes et de cannabis et consommation d’alcool). Les bénéfices « secondaires » du programme porte également sur l’amélioration du climat de classe et de la relation élève-enseignant ainsi que l’amélioration des apprentissages et de la réussite scolaire.

Pour mieux comprendre les CPS, essayons nous à deux types de définition

La première renvoie au texte de l’Organisation mondiale de la santé (1993) c’est-à-dire :

« la capacité d’une personne à maintenir un état de bien être subjectif lui permettant de répondre de façon positive et efficace aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne ». L’amélioration des CPS est ainsi clairement positionnée comme un élément important dans la promotion de la santé globale et du bien être des personnes.

 

La seconde définition détaille le vaste champ des compétences psychosociales des ressources que l’on va mobiliser dans la vie, dans l’apprentissage, dans nos relations, regroupées autour de 3 types de compétences :

  • Les Compétences cognitives, croyance et pensées, représentation de soi, qui seront nécessaires dans la de prise de décision et de résolution de problème.
  • Les Compétences psychologiques et plus émotionnelles pour réguler ses émotions et gérer son stress pour éviter la consommation de substances.
  • Et enfin les Compétences sociales qui sont la capacité à communiquer à développer des relations avec les autres, à être empathique, à collaborer dans un groupe.

Cette forme de prévention rompt avec les pratiques antérieures souvent limitées à des interventions ponctuelles et informatives.

Une instruction interministérielle a été adressée le 19 août 2022 à l’ensemble des préfets de région, des directeurs généraux d’ARS et des recteurs, afin de déterminer les objectifs et modalités de mise en œuvre de la stratégie nationale de développement des compétences psycho-sociales.

Cette impulsion politique déterminante doit se traduire en feuilles de route sectorielles et être déclinée dans les territoires en interventions concrètes auprès des enfants, en prenant appui sur le référentiel de Santé publique France publié au printemps 2022. Le référentiel permet de clarifier une définition partagée, de présenter les programmes probants, tout en identifiant les conditions d’efficacité des interventions.

Vous l’aurez compris, chez les enfants, le renforcement des CPS favorise le développement global (social, émotionnel, cognitif, physique), améliore les interactions, augmente le bien être et contribue donc à augmenter les comportements favorables à leur santé.


Pour en savoir plus...