La réduction des risques associés à la consommation d’alcool - Principes de l’intervention

Alors que l’ensemble des politiques publiques visant à dénormaliser la consommation d’alcool s’apparente à des mesures de réduction des risques, le présent document s’attache à décrire les objectifs et les principes de la réduction des risques et des dommages de l’alcool, et leur traduction dans les pratiques des professionnels et accompagnants des consommateurs.

Le concept de RDRD alcool

La réduction des risques et des dommages associés à la consommation d’alcool (RdRDA) est la déclinaison, pour le produit alcool, du paradigme de « réduction des risques et des dommages (RdRD) » initialement limitée aux usages de stupéfiants. En 2016, la loi de modernisation de notre système de santé l’a élargie à toutes les conduites addictives, incluant les usages de produits licites tels que l’alcool ou le tabac.

La RdRD reconnait l’existence d’usages et de comportements à risques et, plutôt que de contraindre les usagers, elle s’attache à transmettre les ressources et les aides qui permettront aux consommateurs d‘exercer au mieux leur pouvoir d’agir, afin de limiter les conséquences négatives des consommations de substances psychoactives. 

Objectifs de la RDRD Alcool

La RdRD alcool agit sur la situation globale de l’usager en visant plus particulièrement la reprise en main de la consommation d’alcool. Aujourd’hui, elle repose essentiellement sur la baisse des consommations, permettant aux personnes de penser leur usage d’alcool, d’être prises en charge quant à leur état de santé physique et psychique et d’améliorer leur insertion sociale et professionnelle.

En outre, elle facilite l’entrée dans le soin, favorise la compliance aux soins, évite les ruptures de soins et réduit le défaut de recours au soins, le « gap treatment », préjudiciable aux consommateurs.

Enfin, elle réduit les conséquences de la consommation sur les tiers. 

Les principes fondamentaux de la RDR alcool

La RDRD alcool repose sur les valeurs suivantes :

  • Accueillir le consommateur de manière inconditionnelle
  • Faire en sorte que l’alcool ne soit plus un obstacle aux projets de la personne et en finir avec la fatalité
  • Infléchir les présupposés négatifs des soignants vis-à-vis des addictions afin d’obtenir un changement de leur posture
  • S’adapter aux capacités de la personne
  • S’intéresser à l’environnement de la personne autant qu’à sa consommation d’alcool
  • Reconnaitre l'expertise profane de la personne ainsi que sa participation active et libre pour développer des réponses de santé, mobiliser ses ressources personnelles, et pour lutter contre la marginalisation, l'exclusion et les autres formes de violation de droits dont elles peuvent être l'objet
  • L’abstinence reste un objectif à atteindre pour certains patients à moyen ou long terme

NB : Les producteurs d’alcool et les débitants de boissons ne sont pas des acteurs de la RDRD alcool. La vente dite « responsable » des producteurs et débitants de boissons n’entre pas dans le cadre de la démarche de RDRD alcool. 

La RDRD alcool en pratique

  • Reconnaître le droit du libre choix de la personne et favoriser la libération de la parole autour des consommations
  • S’intéresser aux raisons de la consommation d’alcool et à ses bénéfices, plutôt qu’aux seuls risques liés au produit, afin de mobiliser des leviers d’action
  • Prendre en compte les expériences antérieures, afin d’individualiser chaque parcours, en l’adaptant à l’environnement et au quotidien de la personne
  • Tenir compte de toutes les comorbidités associées : somatiques, troubles cognitifs, troubles psychiatriques
  • Avancer avec la personne pas à pas en misant sur le recouvrement d’une confiance en soi par des objectifs atteignables plutôt qu’en entretenant le faux-espoir d’un sevrage, qui s’avère le plus souvent illusoire
  • Définir avec la personne les étapes pour atteindre les objectifs retenus en faisant des points d’étape réguliers
  • La consommation d’alcool de l’intervenant avec le patient, le résident ou l’usager n’est absolument pas recommandée
  • Dans les structures d’accueil où la consommation d’alcool est autorisée, les modalités de la mise en œuvre sont définies dans le règlement intérieur

Différentes techniques ont leur place à un moment particulier du parcours de la personne. Le repérage du moment propice, en lien avec les désirs et les compétences des usagers, est un élément inhérent à la mise en place de la technique elle-même. Actuellement, les outils suivants sont recommandés :

  • Le repérage précoce et l’intervention brève (RPIB), intervention socle de la RDRD alcool ; Le repérage doit s’appuyer sur des outils validés
  • La recherche et les éventuels traitements des complications somatiques liées à la consommation d’alcool
  • L’entretien motivationnel
  • Les traitements cognitivo-comportementaux (TCC)
  • La quantification précise des boissons absorbées et la description des « manières de boire » tels que les horaires, les rituels, etc;
  • Les traitements médicamenteux
  • « Le logement d’abord »
  • Le soutien à une activité physique
  • Les outils de communication digitale (interventions par internet et applications pour smartphones) peuvent susciter de nouveaux comportements en termes de réduction des consommations :  il peut s’agir d’approches TCC en « self-help », type calcul de l’alcoolémie et visualisation d’un calendrier des consommations avec retour d’évaluation
  • La participation à des groupes d’entraide
  • Le soutien par des patients experts

Sensibilisez-vous à la Réduction des Risques Alcool !

Voici un module de sensibilisation à la Réduction des Risques Alcool. A destination des professionnels, cet outil présente les nouvelles pratiques en matière d'accompagnement.

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