Prévention des surdoses aux opiacés : la naloxone en spray nasal voit sa dispensation élargie

Publié le 29/12/2016 - Mis à jour le 11/03/2022

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé l’élargissement de la mise à disposition de Nalscue® (naloxone en spray nasal en récipient unidose) dans le traitement d'urgence des surdoses aux opioïdes, dans le cadre de son autorisation temporaire d'utilisation (ATU) de cohorte.

Environ 80 patients étaient engagés dans le dispositif en décembre selon l'ANSM. Ce petit nombre de patients inclus est la conséquence de mesures d'encadrement de l'ATU de cohorte (délivrée fin juillet 2016) jugées trop restrictives. En effet, la dispensation était jusqu’ici réservée aux pharmaciens des pharmacies à usage intérieur (PUI) et seuls certains médecins pouvaient inclure des patients dans le dispositif.

Depuis le 23 décembre dernier, une note d'information rédigée par les directions générales de la santé (DGS), de l'offre de soins (DGOS) et de la sécurité sociale (DSS) autorise toutes les PUI à délivrer le Nalscue®, même celles non autorisées à l'activité de rétrocession, c’est-à-dire à la vente à des patients en ambulatoire de médicaments achetés par l'établissement de santé.

La dispensation est désormais possible :

  • aux usagers de drogues identifiés à risque d'overdoses aux opiacés lors d'un passage dans un centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) quel que soit leur mode de gestion ;
  • aux personnes admises dans un service d'urgences suite à une overdose aux opiacées (au sein d'un établissement de santé ne disposant pas de pharmacie à usage intérieur (PUI) autorisée à rétrocéder) ;
  • aux personnes hospitalisées pour sevrage aux opiacés dans un service d'addictologie (au sein d'un établissement de santé ne disposant pas d'une pharmacie à usage intérieur autorisée à rétrocéder), lors de la préparation de leur sortie d'hospitalisation ;
  • aux patients identifiés à risque d'overdoses aux opiacés admis dans un établissement de santé disposant ou bénéficiant de l'intervention d'une équipe de liaison et de soins en addictologie (ELSA) (sans PUI autorisée à rétrocéder), lors de la préparation de leur sortie d'hospitalisation ;
  • aux personnes sortant de prison identifiées à risque d'overdose aux opiacés par une unité sanitaire en milieu pénitentiaire, lors de la préparation de leur sortie ;
  • aux personnes identifiées à risque d'overdose aux opiacés par des centres et structures disposant d'équipes mobiles de soins aux personnes en situation de précarité ou d'exclusion gérés par des organismes à but non lucratif

La naloxone bientôt disponible dans les CAARUD

L'article 69 de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2017 adoptée le 23 décembre dernier, autorise la délivrance des produits de santé et notamment la naloxone par les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD).

Après la publication des textes d'application de la LFSS 2017 "prévue au premier trimestre 2017" d’après la DGS, la DGOS et la DSS et "dès l’obtention d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour une spécialité à base de naloxone à destination des usagers de drogues", les CAARUD seront en mesure de dispenser des kits de prévention contenant de la naloxone.

L’ANSM rappelle toutefois que ce médicament ne se substitue pas aux soins d'urgence et que, par conséquent, les secours (15 ou 112) doivent être appelés immédiatement et systématiquement.

Le développement de l'accessibilité à la naloxone est une action inscrite au plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017 coordonné par la MILDECA.

En France en 2012, 264 personnes entre 15 et 64 ans sont décédées suite à la prise de stupéfiants et médicaments opiacés (sources OFDT). On compte entre 6 000 et 8 000 décès provoqués par les drogues chaque année en Europe. Les opiacés, telle que l'héroïne, jouent un rôle dans la plupart des cas de surdosage. C’est pour diminuer le nombre de ces décès que l’ANSM avait annoncé en juillet dernier la mise à disposition de la naloxone (médicament antagoniste des opiacés, sans aucun effet psychoactif).