Podcast - Le Protoxyde d'azote, en vrai c'est quoi ?

Publié le 29/11/2022 - Mis à jour le 18/01/2023

Une émission indispensable pour mieux comprendre l'usage détourné du protoxyde d'azote et prévenir ses risques.

Corinne Anne Drougard, chargée de mission santé à la MILDECA revient sur l'usage détourné du protoxyde d'azote.

Parents, médecins et soignants, adultes encadrants, jeunes... la réponse à toutes vos questions est ici !

Corinne Anne Drougard, chargée de mission santé à la MILDECA

Le proto qu’est-ce que c’est ?

Le protoxyde d’azote c’est un gaz incolore d’odeur douceâtre utilisé

  • en médecine,  comme produit anesthésiant et anti-douleur ;
  • et dans l’industrie comme gaz qui va servir à pressuriser des aérosols, comme dans les siphons à crème chantilly que l’on connaît bien.

Depuis maintenant plusieurs années, son utilisation a été détournée en raison de ses propriétés euphorisantes, d’où son appellation de gaz hilarant, et son utilisation récréative, généralement dans un contexte de fête

Quels sont les risques d’une utilisation pour cette utilisation détournée

L’inhalation du protoxyde contenue dans les cartouches produit très rapidement une euphorie, une distorsion des perceptions qui peut se traduire par exemple par une augmentation de la perception auditive, des fous rires.

En fait, c’est l’état de conscience qui est altéré avec une confusion et des hallucinations.

Ces sensations sont très fugaces, elles disparaissent en quelques minutes après l’inhalation. Cet état de retour à la normale s’accompagne souvent de picotements et d’engourdissement des membres.

Pourquoi cette modification de la conscience et pourquoi ces effets ressentis ?

Comme il est très peu soluble dans le sang, le protoxyde d’azote circule dans le système vasculaire jusqu’au cerveau.

La molécule de protoxyde, le N2O, se fixe sur des récepteurs dans les synapses du cerveau, habituellement réservés à recevoir des molécules anti-douleur. Quand ces récepteurs sont activés par le protoxyde d’azote, ils libèrent une substance, la dopamine.

En fait le protoxyde vient activer des circuits cérébraux avant d’être éliminé rapidement par l’expiration.

Quels sont les risques à inhaler du protoxyde d’azote ?

Les effets toxiques de l’inhalation de protoxyde d’azote sont bien connus, mais bien souvent ignorés des consommateurs.

Il y a des risques immédiats :

Asphyxie par manque d'oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche, perte du réflexe de toux (risque de fausse route), désorientation, vertiges et risque de chute.

Et des risques en cas d’utilisation régulière et/ou à forte dose :

Des consommations à intervalle rapproché peuvent entraîner des effets secondaires comme des maux de tête, des vertiges, mais aussi des complications plus sévères comme des troubles du rythme cardiaque, un risque d’asphyxie, des troubles psychiques et des atteintes neurologiques parfois irréversibles.

Ces risques sont majorés quand le gaz est associé à d’autres substances psychoactives, en particulier l’alcool, les poppers, le cannabis ou des psychostimulants.

Depuis 2019, on constate une augmentation importante du nombre de cas d’intoxications, avec une augmentation des cas d’atteintes neurologiques ou musculaires - atteintes de la moelle épinière, des troubles de la marche, de l’équilibre, des tremblements- et qui nécessitent des prises en charge en établissement de rééducation.

On constate aussi des troubles psychiatriques, avec des attaques de panique, une irritabilité, des insomnies, et des effets cardiaques.

Comment réduire les risques ?

Il vaut toujours mieux renoncer à consommer du protoxyde d’azote.

Cependant, il convient de rappeler aux usagers les règles à suivre pour essayer de limiter les risques pour soi et pour les autres

  • Ne jamais inhaler le gaz directement à partir de la capsule pour éviter les brûlures.
  • Éviter de consommer debout, car la perte d’équilibre peut entrainer une chute.
  • Respirer de l’air entre les inhalations pour prévenir les asphyxies.
  • Ne jamais consommer de gaz hilarant avant ou pendant une activité nécessitant de la concentration comme la conduite d’un véhicule ou d’une machine.
  • Éviter la consommation simultanée de gaz avec d’autres substances psychoactives (alcool, cannabis, médicaments, etc.).
  • Ne pas consommer de protoxyde d’azote en cas de grossesse.

En cas d’urgence (malaise, chute, perte de connaissance…), appeler les secours (15, 112 ou 18)

Devant l’apparition de signes neurologiques (douleurs musculaires, fourmillements, engourdissements, pertes de sensibilité ou de force, troubles de la marche…), consulter rapidement un médecin.

En cas de difficulté à contrôler et à stopper la consommation, il est conseillé de consulter un médecin ou une structure spécialisée dans la prise en charge des addictions, comme une consultation « jeunes consommateurs » qui propose un service gratuit et confidentiel d’accueil, d’écoute, de conseil et si nécessaire une orientation

Vous l’aurez compris le protoxyde est tout sauf hilarant, alors pour votre santé physique et mentale, ne consommez pas !


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