L’Essentiel sur… Alcool, tabac, cannabis et grossesse

Alcool, tabac, cannabis et grossesse : protéger l'enfant de l'expositon aux substances psychoactives. 738 000 enfants sont nés en France en 2021. 1 sur 1000 est né avec un syndrome d’alcoolisation foetale complet, et 1 sur 100 souffre ou souffrira de troubles causés par l’alcoolisation foetale (TCAF) directement liés à la consommation d’alcool durant la grossesse. Les conséquences se caractérisent par des difficultés d’apprentissage, des troubles de la mémoire ou du comportement ainsi que par une plus grande vulnérabilité au risque d’addiction au cours de la vie. Ainsi en France, près de 500 000 personnes vivraient avec des symptômes variés liés à la consommation d’alcool de leur mère au cours de la grossesse. La consommation d’alcool pendant la grossesse représente ainsi la première cause de handicap mental non génétique et d’inadaptation sociale de l’enfant en France.

Les études scientifiques prouvent que la consommation de tabac durant la grossesse augmente de trois fois le risque de mort foetale in utero au début de la grossesse ainsi que le risque de naissance prématurée.
La consommation de tabac a également des effets négatifs sur la taille et le poids des nouveau-nés. Les dommages d’une exposition du foetus au cannabis sont également bien documentés avec des effets à la naissance tels qu’un poids plus faible mais aussi des conséquences plus tardives durant l’enfance ou l’adolescence liés à l’action du cannabis sur le cerveau et aux troubles du neuro-développement qu’il cause. Il ne s’agit pas d’adopter un discours moralisateur, hygiéniste ou culpabilisant, mais de mieux informer les futurs parents et leur entourage, dès le projet de grossesse, de soutenir la formation des professionnels et d’offrir un accompagnement adapté aux femmes en difficulté avec leur consommation et aux enfants nés après une exposition durant la grossesse.

Les consommations de substances psychoactives pendant la grossesse

1/100

présente un TCAF

1/1000

nait avec un SAF complet

44%

de la population affirme que toute consommation d’alcool pendant la grossesse comporte un risque pour l’enfant, contre 25% en 2015

200 gr

Les enfants nés de mères fumeuses pèsent en moyenne 200 grammes de moins que ceux nés de mères non-fumeuses

24 %

des femmes enceintes déclarent fumer quotidiennement en France (moyenne UE : 15 %)

Du côté des professionnels de santé

La plupart des professionnels de santé évoquent le tabagisme pendant la grossesse (80 % des femmes rapportent avoir été interrogées sur leur consommation de tabac) mais sont peu nombreux à donner des conseils pour l’arrêt du tabac : seulement 46,3% des femmes ayant fumé à un moment de leur grossesse disent avoir reçu des conseils sur l’arrêt du tabac et 85% des femmes fumeuses ayant arrêtées pendant leur grossesse ont repris ensuite.
Cette attention est beaucoup plus faible concernant la consommation d’alcool :

Source : Enquête nationale périnatale - Rapport 2016 Inserm / DREES ; Expertise collective Inserm sur la réduction des dommages associés à la consommation d’alcool- 2021 ; Rapport d’experts et recommandations CNGOF-SFT sur la prise en charge du tabagisme en cours de grossesse 2020 ; Enquête sur les connaissances et perceptions des risques de la consommation d’alcool pendant la grossesse, SPF 2017.

Focus sur … le syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF)

L’alcool passe facilement du sang maternel au sang du foetus au travers du placenta. À tous les stades de la grossesse, il est toxique pour le foetus, affecte le bon développement du futur bébé et peut entraîner diverses complications, allant de la forme la plus caractéristique et la plus sévère, le SAF, à des formes incomplètes (TCAF) se traduisant par des difficultés dans les apprentissages et/ou un trouble des facultés d’adaptation sociale. Le SAF comporte :

1/3

des femmes enceintes continuent de boire de l'alcool durant la grossesse

500 000

personnes souffriraient actuellement des conséquences des consommations d'alcool de leur mère

  • une dysmorphie faciale plus ou moins marquée.
  • un retard de croissance (taille ou poids ou périmètre crânien) prénatal, postnatal ou les deux.
  • des troubles du développement neurologique s’exprimant parfois par un retard mental, plus souvent par des difficultés d’apprentissage (avec troubles de l’attention, de la mémoire, du raisonnement abstrait), des troubles du calcul et du langage, une déficience sensorielle (surtout visuelle), des troubles du comportement, des troubles des facultés d’adaptation et des conduites sociales, source de difficultés d’insertion sociale.

Les anomalies du système nerveux sont directement liées à la neuro-toxicité de l’alcool et leurs effets s’expriment de manière variable selon l’âge. La forme clinique la plus fréquente est la forme partielle qui est responsable de troubles neurodéveloppementaux, d’échec scolaire, de troubles des conduites, de comportements à risque à l’adolescence. (Source : HAS – Haute Autorité de Santé, 2013)

La prise en charge du SAF complet — comme des TCAF— est difficile, contraignante et coûteuse (estimée en moyenne à 1,3 million d’euros pour toute une vie (Source : Politiques de prévention alcool et grossesse en France et ailleurs, Dr Carmen Kreft-Jaïs, INPES, Journées de la Prévention, Juin 2013)).

LES PRIORITÉS DE L’ACTION GOUVERNEMENTALE

Protéger l’enfant à naître de l’exposition aux substances psychoactives et améliorer les prises en charge

  • Porter des messages de prévention clairs et simples : « 0 alcool durant la grossesse » et « alcool, tabac, cannabis : j’arrête dès que j’arrête la contraception ».
  • Renforcer l’information des jeunes femmes, des futurs parents et de leur entourage, notamment via les documents émis par les caisses de sécurité sociale, par les laboratoires de biologie médicale ou encore les notices de tests de grossesse, ainsi que par des campagnes d’information sur les conséquences des consommations durant la grossesse.
  • Dès l’expression d’un désir de grossesse, mettre à disposition des futurs parents des auto-questionnaires « Où en êtes-vous de votre consommation (alcool, tabac, cannabis) ? » afin de mieux les informer et de faciliter la communication avec les professionnels de santé, notamment lors de l’entretien prénatal précoce.
  • Augmenter la visibilité et la lisibilité des pictogrammes d’avertissement sur les bouteilles d’alcool.

Développer l’information et la prise en charge des femmes

  • Permettre un accompagnement adapté, sans stigmatisation, des futures mamans pour lesquelles l’abstinence totale est impossible et qui ont donc besoin d’une prise en charge pluridisciplinaire et suivie dans la durée. Cet accompagnement s’inscrit dans une logique de réduction des risques et permet de faciliter la prise en charge précoce de l’enfant exposé après la naissance.
  • Renforcer les connaissances des professionnels de santé du secteur médico-social et social (formation initiale et continue), ainsi que ceux intervenant dans les établissements d’information sur le conseil conjugal et familial (EICCF) et dans les centres de planification familiale, sur les risques et sur les pratiques du repérage précoce des situations de consommation chez les femmes en âge de procréer. En faire un sujet de l’entretien prénatal précoce.

 

Pour une grossesse zéro risque, dès l’arrêt de la contraception, c’est : 0 ALCOOL 0 TABAC 0 CANNABIS

Améliorer le repérage précoce et la prise en charge des enfants exposés et mettre en place un accompagnement adapté, afin de réduire le handicap.

  • Mieux former et sensibiliser les professionnels de santé (sages-femmes, pédiatres, médecins généralistes, professionnels des PMI,…), ainsi que les professionnels de la petite enfance, au repérage chez les enfants des troubles liés à l’alcoolisation foetale quel que soit l’âge de recours.
  • Faciliter, dans chaque région, l’inscription des enfants exposés dans un parcours de santé organisé autour des troubles du neuro-développement.
  • Développer la recherche sur les biomarqueurs de l’exposition préénatale à l’alcool ainsi que sur les facteurs de neuroprotection.

Les 1000 premiers jours, là où tout commence.

Destinés aux futurs parents et aux parents d’enfants de moins de deux ans,
le site www.1000-premiers-jours.fr et l’application « 1000 premiers jours » apportent des conseils et des informations aux parents sur leurs moyens d’agir sur leur environnement et leurs habitudes de vie. En effet, avant même sa naissance et jusqu’à l’âge de deux ans, le corps et le cerveau de l’enfant se développent de façon spectaculaire. Pendant cette période, ils sont très sensibles aux milieux où ils grandissent et à leurs premières expériences de vie. Cela influence durablement leur développement. Ainsi, le site fournit aux futurs parents des informations et des conseils d’experts pour, entre autres, arrêter sa consommation de tabac, d’alcool et de cannabis avant la conception de l’enfant et durant la grossesse. On sait aujourd’hui qu’un enfant a surtout besoin de beaucoup d’attention, d’une bonne alimentation et d’un environnement sain et sûr.

Idées reçues

1. « Le SAF c’est quand on boit des alcools forts, ça ne peut pas arriver avec du champagne, du vin, ou de la bière »
FAUX
: tous les alcools sont neurotoxiques au cours de la grossesse en particulier sur le cerveau du foetus en pleine maturation. Le message c’est : 0 alcool durant la grossesse.

2. « Je ne suis pas sûre d’être enceinte, j’arrêterai de boire quand ça sera confirmé »
FAUX
: dès qu’il y a un désir de grossesse, dès l’arrêt de la contraception, il faut avoir le réflexe de stopper l’alcool (et les autres substances psychoactives) qui ont un impact très sévère sur l’embryon.

3. « J’ai besoin de boire (ou de fumer un joint) le soir pour me sentir bien. Je sais que je n’arriverai jamais à arrêter ! »
FAUX
: vous n’êtes pas seule. De nombreux services et professionnels de santé peuvent vous aider et vous accompagner : votre médecin, les Consultations Jeunes Consommateurs, Drogue Info Service, Alcool Info Service, les consultations de tabacologie, etc.

4. « C’est ma femme qui est enceinte, pas moi ! A ce stade, je ne peux pas faire grand-chose pour l’aider »
FAUX : tout l’entourage doit encourager et soutenir la femme enceinte qui souhaite arrêter ses consommations. C’est plus facile d’arrêter quand on se sent épaulé.

5. « Ok tu es enceinte, mais c’est ton anniversaire ! Allez ! Tu ne risques rien à boire une petite coupe de champagne ! »
FAUX
: la consommation occasionnelle d’alcool pendant la grossesse n’est pas exempte de risque. Ce risque existe dès le premier verre.

6. « Ça ne sert à rien d’arrêter de fumer avant d’être enceinte »
FAUX
: en cas de difficultés à être enceinte, il peut être utile de faire le point sur toutes ses consommations de substances psychoactives, en particulier le tabac (mais aussi l’alcool et le cannabis). Celles-ci peuvent avoir un impact sur la fertilité, chez l’homme comme chez la femme. Des études ont montré que le tabagisme était associé à un allongement du délai de conception (qui revient à la normale rapidement après l’arrêt du tabac), même chez des « petits fumeurs », et à une augmentation du risque d’infertilité. Et toute occasion est bonne pour arrêter de fumer !

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