L’e-Santé : un énorme potentiel contre les addictions

Selon le rapport « Addictions : la révolution de l’e-Santé », remis ce jour à la MILDECA par le Fonds Actions Addictions, l’e-Santé peut apporter une considérable amélioration du service médical rendu dans la prévention, le repérage, le diagnostic et la prise en charge des addictions.

Les conduites addictives constituent un défi majeur pour notre société nécessitant une forte mobilisation de tous les acteurs à travers un discours de vérité, adossé à des données scientifiques solides.
La lutte contre les drogues et les conduites addictives doit s’harmoniser avec les nouvelles technologies : l’expérience accumulée, les développements récents de l’informatique (IA, Big Data, etc.) ou encore l’avènement de la santé mobile modifient profondément le paysage.

Des niveaux de consommation toujours préoccupants

Beaucoup de Français font un usage quotidien de produits psychoactifs — 13 millions du tabac, 5 millions de l’alcool, 700 000 du cannabis. D’autres y ont recours plus occasionnellement.
A 17 ans, de nombreux adolescents ont expérimenté ces trois produits et certains s’installent dans un usage régulier. Près de la moitié d’entre eux reconnait un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante (« binge drinking ») au cours du mois précédent.

Les dommages sont proportionnels à ces niveaux élevés de consommation :

  • 73 000 décès/an dus au tabac, 41 000 à l’alcool ; il s’agit des deux premières causes de mortalité prématurée évitable ;
  • Un enfant sur 1 000 nait avec un syndrome d’alcoolisation fœtale lié à la consommation d’alcool de la mère pendant la grossesse ;
  • L’alcool est présent dans 30% des condamnations pour violences, 40% des violences familiales, 30% des viols et agressions ;
  • Un taux d’alcoolémie supérieur à 0,5 g est présent dans près de 30% des accidents mortels de la route ; ¼ des accidents est lié à la consommation de stupéfiants.

Le « Treatment Gap » des addictions en France

Face aux besoins et à la demande de prévention, de soins, d’accompagnement et de réduction des risques, l’offre actuelle, pourtant diverse et composée de professionnels compétents et engagés, ne suffit plus. C’est ce que l’on appelle le « Treatment Gap » qui définit l’écart entre le nombre de personnes souffrant d’addiction et le nombre de patients traités.

En France, moins de 20% des personnes présentant un trouble de l’usage de substances bénéficient d’un traitement, qu’il s’agisse des fumeurs, des consommateurs problématiques d’alcool ou de drogues illicites*. Les pathologies addictives sont, parmi les pathologies psychiatriques, celles qui ont les taux de « Treatment Gap » les plus élevés dans la plupart des pays.
Or, un recours aux soins trop tardif contribue à l’aggravation des troubles et à l’installation de difficultés de tous ordres : complications somatiques, troubles psychologiques et psychiatriques, désinsertion sociale et professionnelle, dégradation financière.

L’e-Santé : un énorme potentiel pour améliorer la prise en charge des addictions

Dans ce contexte, Nicolas Prisse, Président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) a confié, fin 2018, au Professeur Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions, et au Docteur Jean-Pierre Thierry, conseiller e-Santé du fonds, la mission de proposer un panorama et une première analyse des bénéfices attendus de l’e-Santé pour les personnes souffrant d’addiction.
Ces résultats ont été présentés ce mardi 14 mai dans le cadre d’une demi-journée d’échanges à la MILDECA, réunissant parlementaires, addictologues et professionnels de santé, associations de patients et acteurs institutionnels de la santé.

Pour les auteurs du rapport, les outils numériques offrent de nouvelles opportunités pour l’accompagnement des patients et peuvent facilement permettre un saut qualitatif dans la prévention et la prise en charge des addictions.

L’e-Santé permet ainsi de répondre à de nouveaux enjeux, notamment en matière de démocratie sanitaire, en mobilisant plus efficacement de nouveaux acteurs (tels que les associations de patients, les patients-experts, les psychologues, les préventeurs, etc.) et peut également être une réponse précieuse aux problématiques d’aménagement du territoire en matière d’accès aux soins.

* (Bulletin de l’OMS 2004;82:858-866)


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