Baisse inédite du nombre de fumeurs mais la vigilance doit rester de mise

Publié le 29/05/2019 - Mis à jour le 11/03/2022

La MILDECA se réjouit des bons résultats du Baromètre annuel de Santé publique France qui annonce une baisse du nombre de fumeurs d’ampleur inédite. Ces résultats ne doivent cependant pas masquer un chiffre de mortalité élevé : 75 000 décès attribuables au tabac en 2015 ni les défis encore à relever.

Les résultats d’une politique publique déterminée et cohérente

1,6 million de fumeurs en moins soit -12% en deux ans. La prévalence du tabagisme quotidien est ainsi de 25,4% en 2018, soit une baisse de quatre points en deux ans (29,4% en 2016). En parallèle de ces résultats, les derniers chiffres de la CNAM montrent que le nombre de bénéficiaires uniques de traitements nicotiniques de substitution pour l’année 2018 est de 581 433 soit presque le double de 2017 (301 066).
En effet, portée depuis plusieurs années par le plan national de lutte contre le tabagisme et par le Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022, la politique de lutte contre le tabagisme montre des résultats très encourageants de « dénormalisation » du tabac, qui reste la première cause de décès évitables en France. Cette baisse traduit non seulement l’arrêt du tabac par les fumeurs mais aussi la réduction du nombre de jeunes qui entrent dans le tabagisme. Tous ces efforts doivent être maintenus voire accentués ; la création du Fonds de lutte contre le tabac devenu en 2019 Fonds de lutte contre les addictions y contribuera.

Des points de vigilance à ne pas négliger

Malgré ces bons résultats, la vigilance doit rester de mise s’agissant des inégalités sociales bien qu’elles ne se creusent plus depuis deux ans : chez les plus diplômés (>Bac), la prévalence du tabagisme quotidien est de 19,4%, alors qu’elle est de 28,2% dans le reste de la population, incluant les personnes sans diplômes et celles ayant un diplôme inférieur ou égal au Bac.
La protection des plus jeunes, au cœur des préoccupations de la MILDECA, doit passer par le respect des interdits protecteurs, en particulier concernant la vente de tabac aux mineurs (mais aussi la vente d’alcool et des jeux d’argent et de hasard). En effet, 9 jeunes fumeurs sur 10 estiment qu’il leur est facile de s’approvisionner auprès d'un buraliste (Enquête ARAMIS, OFDT, 2017).

En outre, des progrès restent à faire concernant la prévalence du tabagisme chez les femmes : le nombre de décès attribuables au tabac chez les femmes augmente de 5% en moyenne tous les ans depuis 15 ans. La sensibilisation aux risques liés à la consommation de tabac durant la grossesse, à présent bien documentés dans la littérature scientifique, doit faire l’objet d’une meilleure diffusion auprès des futures mères (enceintes ou en désir de grossesse) et de leur entourage. Ainsi, la MILDECA a sollicité l’INSERM afin que la prévalence du tabagisme (ainsi que des autres conduites addictives) chez les femmes en désir de grossesse soit étudiée dans le cadre de la cohorte CONSTANCES.
Les médecins généralistes, acteurs de premier recours, sont aujourd’hui encore insuffisamment sensibilisés et formés pour pouvoir proposer à leurs patients une réponse adaptée, en termes de repérage des usages à risque, d’évaluation de l’ensemble des consommations, de motivation au changement, de réduction des risques, etc.

Exemples de mesures efficaces

  • l’augmentation régulière des prix du tabac
  • la mise en place au 1er janvier 2017 du paquet neutre
  • le remboursement des substituts nicotiniques
  • l’opération Mois sans Tabac, qui se déroule depuis 2016 tous les mois de novembre, événement majeur d’incitation au sevrage tabagique
  • des temps de communication récurrents et coordonnés portés par le ministère de la Santé, Santé publique France, l’INCa et l’Assurance maladie
  • l’interdiction effective de la vente aux mineurs